L’AFH, un système en faillite

Le 28ème rapport du Haut Comité de contrôle administratif et financier (HCCAF) dévoile les liens ténébreux entre argent, pouvoir et conflits d’intérêts au sein de l’Agence foncière de l’habitat (AFH) entre 2013 et 2017, et au-delà. Une carte de la corruption qui met en lumière les dossiers les plus lourds et les plus sombres de la sphère immobilière tunisienne.

L’Agence Foncière de l’Habitat : un pouvoir sans contrôle

Au cœur du système, l’Agence Foncière de l’Habitat (AFH) détient les clés du marché immobilier tunisien. Créée en 1973, cette institution publique jouit d’une autonomie financière et d’une personnalité morale. Elle est chargée de mettre en œuvre la politique de l’habitat et d’organiser les secteurs économiques clés.

Les pouvoirs de l’AFH

  • Acquérir et gérer des terrains pour répondre aux besoins du pays
  • Exercer un droit de préemption pour acquérir des biens immobiliers
  • Vendre des biens immobiliers acquis
  • Conclure des partenariats et des accords avec les acteurs privés
  • Développer ses ressources pour soutenir son activité
  • Fournir des terrains à l’État, aux promoteurs et aux investisseurs

L’AFH est divisée en 5 directions régionales, qui couvrent tout le territoire tunisien. Chacune de ces directions est dotée de sièges régionaux. Un réseau d’influence qui permet à l’Agence de contrôler le marché immobilier tunisien.

Les scandales des dépenses

Selon le rapport1, les irrégularités dans les dépenses de l’AFH sont choquantes. Les frais de location de logements fonctionnels pour les députés régionaux s’élèvent à plus de 64 000 dinars par an, sans base légale.

Les employés de l’Agence ont également bénéficié de sommes d’argent pour des bourses d’étude, sans base légale, pour une valeur de 244 935 000 dinars entre 2014 et 2018.

On note également que des présidents directeurs généraux ont reçu illégalement des primes allant de 378 dinars à 15 818 mille dinars au titre des concours et ce, en infraction à la loi en vigueur.

La loterie des lots : où l’arbitraire prime sur la justice

Attribution des lots de terrain : la grande mascarade. Le rapport révèle que Les lots sont distribués à la va-vite, sans prendre en compte les besoins des bénéficiaires, les données sont fausses ou inexistantes, et les contrôles, oubliés.

De plus, les agents immobiliers sont même incapables de savoir où ils se situent dans la queue pour obtenir un lot. Et pour couronner le tout, des lots sont attribués à des agents immobiliers qui en possèdent déjà, violant ainsi les principes de justice et d’égalité.

Le Fonds Social sous la loupe

Règlement intérieur, introuvable, copies non signées, allocations et dons distribués à la sauvette, en dehors du Fonds Social, violant les dispositions du décret ministériel de 1988. Et ce n’est que le début.

On va pas se mentir, depuis le début, ça sentait le roussi. En effet, le document souligne que des facilitations de logement et des primes de productivité attribués en dehors du Fonds Social, des résultats comptables affectés sans pourcentage défini, des coûts de maladies couverts sans récupération, des prêts remboursés sans procédure, des logements financés sans justification sociale, des taux d’intérêt de 2% contre la réglementation…

Et la liste continue : absence de procédures de remboursement, dépenses non justifiées, lacunes dans les dossiers de prêts personnels, absence de prise en compte de la période de franchise, fuite d’employés sans remboursement de leurs dettes…

Gestion des RH : un désastre

Imaginez un système où les organigrammes sont purement fictifs et les besoins des employés laissés dans le flou. Bienvenue dans un monde où les postes de direction sont attribués à travers des deals occultes, plutôt que par des concours basés sur le mérite. Le résultat ? Un chiffre alarmant de 100% des recrutements de 2017 ont été faits à la main, contournant les principes fondamentaux de l’égalité des chances et de la compétence.

Mais cela ne s’arrête pas là. Le rapport révèle aussi une toile d’araignée de décisions administratives et financières douteuses, prises sans base légale. La nomination du Directeur général, par exemple, a été un défi flagrant à la loi. Et si cela ne suffisait pas, un énorme 280 000 dinars ont été gaspillés pour les commissions des concours, tandis qu’un leader syndical a reçu 15 818 dinars de manière injustifiée. Il est temps de sonner l’alarme et de demander une réforme radicale de ce système dysfonctionnel!

conclusion

Les conséquences sont lourdes : manque de transparence, mauvaise utilisation des fonds publics et absence de responsabilité. Il est urgent de mettre en place des mesures pour redresser la situation et garantir une gestion saine et équitable des ressources humaines au sein de l’agence.

La transparence, la justice et l’égalité doivent être rétablies pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.

  1. rapport du Haut Comité de contrôle administratif et financier (HCCAF) ↩︎

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