Séisme financier en Tunisie : Comment l’affaire Ben Ramadhan a précipité la chute du directeur de Banque Zitouna

Dans le paysage financier tunisien, une tempête silencieuse se propage d’une institution à l’autre avec la précision implacable d’un jeu de dominos. Au cÅ“ur de cette tourmente : les prêts accordés au groupe Ben Ramadhan, dont les répercussions continuent de déstabiliser les plus solides établissements bancaires du pays.

Banque Zitouna dans la tourmente

Après Banque de l’Habitat, c’est au tour de Banque Zitouna de subir les conséquences de cette crise financière en cascade. Selon des sources bien informées, l’institution aurait été touchée à hauteur de 70 millions de dinars – un coup sévère pour cet établissement qui s’était forgé une réputation de stabilité dans le secteur bancaire islamique tunisien.

La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans un mouvement aussi rapide que décisif, Nabil El Madani, directeur général de la banque, a été démis de ses fonctions. Cette décision brutale s’accompagne d’une action en justice intentée par la banque contre son ancien dirigeant, figure réputée proche du mouvement Ennahdha.

Un changement de gouvernance stratégique

Pour naviguer dans ces eaux troubles, Banque Zitouna a nommé Mounir Fakhet à la tête de l’institution. Fakhet, pilier de l’établissement depuis 2010, a gravi méthodiquement les échelons en occupant successivement les fonctions stratégiques de Directeur du Pôle Risques puis de Secrétaire Général.

Son parcours reflète une connaissance approfondie de l’écosystème Zitouna, avec à son actif la direction de plusieurs filiales majeures du groupe telles que Zitouna Capital et Zitouna Finance. Il a également été nommé en Excellia la filiale numérique de majda groupe, à travers Alaya Adel, ancien PDG de ce même groupe.

Un révélateur des intrications politico-financières

Cette affaire met en lumière les zones d’ombre dans les relations entre certains établissements bancaires tunisiens et la sphère politique. L’éviction d’El Madani et les poursuites judiciaires engagées contre lui soulèvent des questions sur la gouvernance passée de l’institution et sur l’influence potentielle de mouvements politiques dans les décisions d’octroi de crédit.

L’onde de choc continue

La crise des prêts Ben Ramadhan révèle les vulnérabilités structurelles du système bancaire tunisien. Après avoir frappé Banque de l’Habitat et maintenant Banque Zitouna, cette onde de choc pourrait potentiellement se propager à d’autres institutions, questionnant les pratiques de gestion des risques dans l’ensemble du secteur.

Pour les observateurs économiques, l’enjeu dépasse désormais le cadre de simples difficultés financières. C’est la confiance même dans le système bancaire tunisien qui pourrait être ébranlée, à l’heure où l’économie nationale fait face à des défis majeurs.